lundi 8 septembre 2008

Ernest-Napoléon Godeaux, premier consul de France à Hong Kong

En novembre 1862, Ernest-Napoléon Godeaux, premier diplomate de carrière désigné comme consul de France à Hong Kong, prend ses fonctions. Après avoir installé le nouveau consulat de France, Ernest-Napoléon Godeaux demeure deux ans en poste à Hong Kong, avant de poursuivre sa carrière en Chine et dans d’autres pays.
Le 28 juillet 1862, l’Empereur Napoléon III institue par décret un consulat de France à Hong Kong. Jusqu’à cette date, et depuis 1849, la France n’était présente officiellement dans la colonie britannique que par l’intermédiaire d’«agents consulaires», personnalités n’appartenant pas à la carrière diplomatique mais pouvant représenter officiellement la France. Vingt ans après la fondation de Hong Kong, le développement de la ville et de son port et son rôle d’«emporium» en Asie, conduisent le ministère des Affaires étrangères à transformer l’agence consulaire en consulat de plein exercice et à en confier la direction à un diplomate de carrière. Le ministère désigne alors le premier de ses agents appelé à devenir consul à Hong Kong et son choix se porte sur Ernest-Napoléon Godeaux, jeune diplomate de 29 ans, né à Paris en 1833.
Alors qu’il suit des études de Droit, il entre le 6 janvier 1852 au ministère des Affaires étrangères, comme «élève-consul». Son apprentissage du métier de diplomate commence la même année au consulat de France à Nice. La ville appartient encore à cette époque au royaume de Piémont-Sardaigne et ne devient française qu’en 1860, lors du rattachement du comté de Savoie et de celui de Nice à la France de Napoléon III. De retour à Paris en juin 1853, Ernest-Napoléon Godeaux y termine ses études de Droit. En novembre 1854 il rejoint, toujours comme «élève-consul», la mission de Charles de Montigny, chargé de conduire des négociations avec le Royaume du Siam. Il revient en France en 1857 et, deux ans plus tard, il est affecté au consulat général de France à Londres. En 1861, après un nouveau passage à Paris, Ernest-Napoléon Godeaux est affecté à l’île Maurice, à Port-Louis, et il est promu à cette occasion «consul de 2e classe». C’est là que, par lettre du 9 août 1862, le ministre des Affaires étrangères lui annonce sa nomination comme consul de France à Hong Kong. Dans sa réponse du 1er octobre, Ernest-Napoléon Godeaux, exprime sa reconnaissance au ministre pour l’avoir désigné «au choix de Sa Majesté pour un poste aussi important». Pour le jeune diplomate, c’est une promotion («l’Empereur a daigné m’appeler au consulat qui vient d’être institué à Hong Kong») et il assure le ministre qu’il fera «tous ses efforts pour justifier» cette marque de confiance. Il annonce aussi qu’il prendra ses fonctions un mois plus tard, profitant d’une escale à l’île Maurice d’un navire des Messageries Impériales qui s’apprête à voguer vers Hong Kong.
Le territoire ayant alors statut de colonie britannique, gouvernée par Sir Hercules Robinson, c’est de la reine Victoria que Ernest-Napoléon Godeaux reçoit son exequatur, comme l’avait reçu avant lui, en 1849, le premier agent consulaire désigné par la France, Georges-Louis Haskell, citoyen américain.
Par lettre du 14 novembre, Ernest-Napoléon Godeaux annonce son arrivée à Hong Kong et «sa prise de service du poste» le 6 novembre. Le 1er décembre 1862, il informe le ministère que le consul d’Espagne à Hong Kong, M. José d’Aguilar, chargé des intérêts français depuis mars de la même année, lui a transmis les archives de l’agence consulaire.
La première mission du consul est d’installer le nouveau consulat de France, de trouver des locaux et de préparer son budget, qu’il estime, dans une dépêche du 26 décembre 1862, à un total de 2919 francs pour l’année 1863. La teneur de la réponse du ministère des Affaires étrangères, en date du 10 mars 1863, n’a guère pris de rides : «…je ne puis donc que vous ouvrir provisoirement pour les fournitures de bureau un crédit de mille francs, qui demeure bien entendu subordonnée à l’encaissement préalable de recettes suffisantes pour en couvrir le montant. Prenant d’ailleurs en considération les frais exceptionnels d’une première installation, je consens à ce que cette somme soit employée en totalité en 1863». Quelques mois plus tard, la dépêche du 22 octobre 1863 permet de se faire une idée précise du coût du consulat de France à Hong Kong pour cette première année de fonctionnement. Ernest-Napoléon Godeaux y détaille avec précision les différents types de dépenses du poste, comme tous ses successeurs ont continué de le faire par la suite : «Un garçon de bureau à 6 piastres par mois : 72,00$ ; loyer de la chancellerie à 30 piastres par mois : 360,00$ […] une rame de papier à lettre petit format, 800 enveloppes à 2 piastres le cent […] 2 boîtes à plumes : 2,00$ […] 3 boîtes de cire à cacheter : 6,00$ […] menus achats, 6,50$, frais imprévus : 10$», pour un total de 3279,00 francs, somme demandée pour le budget 1864.
Sur le plan politique, le chargé d’affaires à Pékin a invité Ernest-Napoléon Godeaux à suivre également les affaires de Macao. Mais le consul émet des réserves et sollicite des instructions de la part du ministère car il estime que, Macao étant colonie portugaise, cette décision ne peut être prise qu’après accord du Portugal. Par lettre du 15 février 1863, la direction des Consulats approuve la réaction du consul : «Je ne puis, Monsieur, qu’approuver votre réserve. […] la colonie portugaise de Macao sera désormais comprise dans votre arrondissement consulaire». Et, plus tard, dans une dépêche du 31 août, le ministère informe Ernest-Napoléon Godeaux que «l’exequatur du gouvernement portugais qui vous est nécessaire pour être reconnu dans cette dernière résidence» a été accordée. Il est donc demandé au «consul de France à Hong Kong et Macao […] de bien vouloir prendre sans retard les mesures nécessaires pour organiser sur des bases satisfaisantes le service de l’agence consulaire de France à Macao». Il s’agit là de la première mention du titre de «consul de France à Hong Kong et Macao» dans les archives du ministère des Affaires étrangères. C’est donc depuis le 31 août 1863, il y a 145 ans, que le consulat de France a double compétence pour Hong Kong et Macao.
Ernest-Napoléon Godeaux est consul de France à Hong Kong pendant environ un an et demi, de fin 1862 à début 1864. Il quitte en effet Hong Kong en avril 1864 pour Shanghai, où il sert à trois reprises pendant la période 1864-1879. Il sera aussi consul à la Nouvelle-Orléans (1866), à Alexandrie (1878), à Naples (1879) et enfin à Port-au–Prince (1880). Ernest-Napoléon Godeaux prend sa retraite le 31 août 1884, avec le grade de ministre plénipotentiaire de 2e classe et s’éteint à son domicile à Paris le 1er octobre 1906, à l’âge de 73 ans.

CR.

Sources et crédit photographique : Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris.

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